
Le ménage continue dans les gammes utilitaires. À peine cinq ans après leur lancement, les derniers Mercedes Citan et Classe T s’apprêtent déjà à tirer leur révérence. Le couperet tombera mi-2026, sans succession prévue. Un choix stratégique, mais pas totalement surprenant, tant ces modèles peinaient à exister dans un segment déjà bien encombré, dominé… par leur propre cousin français. Le Citan cousin du Kangoo avait vu le jour en 2013 ( lire notre essai du Mercedes Citan 2013 )
Un partenariat Renault-Mercedes qui s’essouffle
Dans les faits, le Citan n’a jamais été qu’un Kangoo maquillé en costume trois-pièces. Basé sur la même plate-forme CMF, produit dans la même usine de Maubeuge, le petit utilitaire allemand s’est toujours contenté de retouches esthétiques et d’une présentation intérieure un peu plus soignée. Même constat pour le Classe T, version ludospace, qui tentait de jouer la carte premium avec quelques chromes supplémentaires et un tarif plus corsé.
Mais cette stratégie de badge engineering montre ses limites : en 2024, Mercedes a écoulé environ 25 000 exemplaires du Citan et du Classe T dans le monde. Un volume qui pèse peu face aux quelque 405 000 utilitaires vendus par Mercedes Vans la même année, en grande majorité des Vito et Sprinter. Et surtout, un volume trop faible pour justifier la poursuite du partenariat technique avec Renault sur ce créneau.
Des ventes en baisse et une rentabilité en question
Le Classe T, censé concurrencer des modèles comme le Volkswagen Caddy ou le Ford Tourneo Connect, a vu ses ventes chuter de 31 % en un an. Le Citan, quant à lui, n’a jamais vraiment percé sur les marchés hors Allemagne. Sa déclinaison électrique eCitan, comme la version EQT pour les particuliers, n’a pas réussi à convaincre dans un segment où les offres électriques sont encore jugées trop onéreuses par les professionnels.
Même la déclinaison Marco Polo – version mini van aménagé, qui aurait pu surfer sur la vague du vanlife – n’aura été qu’un feu de paille, retirée discrètement du catalogue fin 2024. En clair, le Citan et le Classe T ont manqué leur public, malgré un contexte de plus en plus favorable aux petits utilitaires électrifiés.
La plateforme VAN.EA prend le relais
Derrière cette décision se cache une réorganisation en profondeur de la gamme Mercedes Vans. À partir de 2026, les futurs utilitaires de la marque – du Vito au Sprinter – reposeront sur une même architecture modulaire, baptisée VAN.EA pour les électriques, et VAN.CA pour les thermiques. Cette base commune promet plus de flexibilité dans les configurations, tout en intégrant les technologies maison en matière de connectivité et d’aides à la conduite.
Mais cette standardisation a un prix : les petits modèles comme le Citan n’ont plus leur place. Mercedes préfère désormais se concentrer sur des produits à plus forte marge, mieux adaptés à sa stratégie de montée en gamme, quitte à abandonner un segment qu’elle n’aura finalement jamais vraiment conquis.
Un marché laissé à Renault et Nissan
Le retrait du Citan et du Classe T ne remet pas en cause la production des Renault Kangoo et Nissan Townstar, toujours assemblés à Maubeuge. Renault continue d’y croire, notamment avec ses déclinaisons E-Tech électriques, plus visibles sur le marché français. La question reste de savoir si Mercedes laissera définitivement ce segment de côté ou s’il reviendra, à terme, avec une offre plus audacieuse et 100 % maison. Mais pour l’instant, l’heure est au recentrage, et à la rentabilité.
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