ZFE du Grand Paris : les véhicules Crit’Air 3 bientôt interdits, mais avec des exceptions

ZFE : vers un report en 2030 pour l'exclusion des voitures Crit'Air 3 ?
Grand Paris : les véhicules Crit’Air 3 bientôt interdits

À compter du 1ᵉʳ janvier 2025, les véhicules classés Crit’Air 3 seront interdits de circulation dans la zone à faibles émissions (ZFE) du Grand Paris. Pourtant, les automobilistes concernés bénéficieront de 24 jours d’exception par an pour pouvoir circuler, une souplesse qui reflète les défis d’un dispositif déjà au centre de débats intenses sur son impact social et environnemental.

Le Sénat avait justement préconisé un assouplissement pour la mise en place des ZFE en 2023.

Une mesure clé pour lutter contre la pollution

Les ZFE, introduites pour réduire les émissions de particules fines et de dioxyde d’azote, ciblent les véhicules diesel immatriculés avant 2011 et ceux à essence immatriculés avant 2006. Cette catégorie Crit’Air 3 s’ajoute aux Crit’Air 4 et 5, déjà exclues de la circulation dans les 77 communes du Grand Paris situées à l’intérieur du périmètre formé par l’autoroute A86.

Ce dispositif s’appliquera du lundi au vendredi, de 8 heures à 20 heures, et vise à améliorer la qualité de l’air dans une région où les seuils de pollution dépassent régulièrement les normes fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon une étude menée par la Métropole du Grand Paris (MGP), près de 5 000 décès prématurés pourraient être évités chaque année si les recommandations de l’OMS étaient respectées.

Cependant, cette interdiction s’accompagne de plusieurs ajustements, notamment la possibilité de circuler 24 jours par an, et une année de dispense de contrôle pour les détenteurs de véhicules concernés. Ces exceptions soulignent les limites d’une transition écologique qui doit composer avec des enjeux économiques et sociaux complexes.

L’impact social sous les projecteurs

Avec plus de 420 000 véhicules concernés dans la métropole, la mise en œuvre de cette restriction suscite des critiques, notamment sur son impact social. Sylvain Raifaud, président du groupe écologiste à la MGP, a déploré à l’AFP un « abandon de l’État » dans l’accompagnement des ménages et professionnels impactés. Le recentrage des aides à l’achat de véhicules moins polluants, ramenées de 22 000 à 10 000 euros en décembre, est également dénoncé comme un frein majeur à la réussite du dispositif.

Les élus pointent le risque de creuser les inégalités, car de nombreux foyers ne peuvent pas facilement remplacer leur véhicule, souvent indispensable pour leurs déplacements quotidiens. Certains professionnels, inscrits dans 22 catégories socio-économiques, bénéficieront toutefois de dérogations supplémentaires, mais les critères restent stricts.

En comparaison, des villes comme Lyon appliquent des mesures similaires, mais d’autres grandes agglomérations françaises ne sont pas encore obligées d’intensifier leurs restrictions. Cela met en lumière une inégalité territoriale qui pourrait alimenter le mécontentement.

Des alternatives limitées pour les automobilistes

Pour beaucoup, remplacer un véhicule Crit’Air 3 par un modèle compatible représente un investissement conséquent. Les aides actuelles, réduites, sont jugées insuffisantes pour accompagner les ménages modestes. En outre, les solutions alternatives comme les transports en commun ou le covoiturage ne sont pas toujours adaptées aux réalités des trajets en banlieue ou dans les zones périurbaines.

À l’inverse, des pays comme l’Allemagne ont adopté des approches plus progressives, avec des incitations financières accrues pour encourager la transition tout en évitant de brusquer les ménages.

Conclusion

Si la restriction des véhicules Crit’Air 3 marque une étape importante dans la lutte contre la pollution de l’air, son application dans le Grand Paris révèle les défis d’une politique environnementale ambitieuse mais socialement risquée. Les ajustements comme les 24 jours de dérogation ou les exemptions pour certains professionnels traduisent un effort de compromis, mais les attentes restent fortes pour des solutions plus inclusives et adaptées à tous.

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Arnaud Martin

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