Ford traverse une période turbulente en Europe. La marque américaine, qui avait misé gros sur son virage électrique, se heurte à une réalité beaucoup moins prometteuse que prévu. Avec des ventes décevantes de ses modèles électriques Explorer et Capri, Ford prévoit de supprimer 4000 emplois d’ici 2027, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. Une situation qui met en lumière les défis du marché des véhicules électriques en Europe, marqué par une concurrence féroce et une baisse de la demande.
Des usines sous-exploitées et des investissements colossaux
Le site de Cologne, en Allemagne, est au cœur de cette restructuration. Cette usine, qui a bénéficié d’un investissement de 2 milliards d’euros pour se reconvertir à la production électrique après l’arrêt de la célèbre Fiesta, devait produire jusqu’à 250 000 véhicules par an. Cependant, depuis le début de la production de l’Explorer en juin 2024, seuls 8394 exemplaires ont été vendus en Europe jusqu’à fin octobre. Quant au Capri, lancé en septembre, ses ventes ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Ces chiffres sont loin des objectifs fixés par Ford, qui espérait vendre 600 000 véhicules électriques par an en Europe d’ici 2026.
Outre Cologne, d’autres usines européennes de Ford sont également touchées. Le site de Sarrelouis, qui assemble actuellement le Ford Focus, cessera sa production en 2025, entraînant une réduction massive des effectifs. Une partie des employés sera redéployée dans un centre logistique, mais près de 2000 postes devraient disparaître.
Même la production du Ford Puma électrique, prévue en Roumanie, ne suffira pas à relancer les volumes nécessaires pour absorber l’impact de ces fermetures. Ce modèle, qui arrivera bientôt sur le marché, sera fabriqué aux côtés des Ford Transit Courier et Tourneo Courier dans l’usine de Craiova, mais ne compensera pas les pertes de production en Allemagne.
Une crise qui dépasse ford
Ford n’est pas un cas isolé. Audi et Volkswagen, deux piliers de l’industrie automobile allemande, ont également annoncé des suppressions d’emplois et des ajustements de production face à la baisse de la demande pour leurs modèles électriques. L’industrie automobile européenne, autrefois dominante, est désormais sous la pression des nouveaux entrants, principalement chinois, qui offrent des produits compétitifs à des prix agressifs.
La situation est aggravée par l’instabilité politique en Allemagne, où des élections anticipées en février 2025 ajoutent à l’incertitude. Le gouvernement allemand semble pour l’instant incapable de mettre en place des mesures concrètes pour soutenir son industrie automobile, pourtant essentielle à l’économie du pays.
Ford, tout comme d’autres constructeurs historiques, doit désormais revoir sa stratégie. L’abandon d’un projet de grand SUV électrique pour le marché américain cet été témoigne de ce revirement. Si l’électrique reste une priorité à long terme, la marque devra ajuster ses ambitions et peut-être réévaluer la pertinence de certains investissements dans ce secteur.