Le célèbre designer Henrik Fisker, fondateur de la marque de véhicules électriques (VE) Fisker, a déposé le bilan, marquant la fin d’une tentative prolongée de sécuriser des financements nécessaires pour maintenir son entreprise en activité. La start-up en difficulté, qui a subi une perte de plus de 450 millions de dollars au dernier trimestre de 2023, n’a pas réussi à conclure des négociations avec plusieurs investisseurs potentiels, y compris Nissan, qui aurait pu utiliser les technologies de Fisker pour accélérer la mise sur le marché d’un camion électrique.
Fin de la production du Fisker Ocean
Malgré des discussions avancées, les négociations se sont effondrées, entraînant la suspension des échanges des actions de Fisker à la Bourse de New York. La société a interrompu la production de son premier modèle, le SUV électrique Ocean, sous-traité à Magna en Autriche, et a également gelé le développement du Pear, un modèle plus petit et moins cher.
Le Fisker Ocean a souffert de divers problèmes de qualité, exacerbés par une mauvaise intégration des logiciels provenant de différents fournisseurs. En février, la société a déclaré qu’elle avait produit environ 10 000 Ocean en 2023, mais moins de la moitié avaient été livrés aux clients. En mars, le célèbre YouTuber américain Marques Brownlee a sévèrement critiqué le véhicule, qualifiant le Fisker Ocean de « pire voiture jamais testée », une critique qui a fait chuter les actions de Fisker.
Les journalistes français l’ayant essayé ont aussi rapidement découvert que cette voiture n’était pas vraiment finalisée, et pouvait s’avérer parfois dangereuse.
Les difficultés rencontrées par Fisker
Depuis sa création en 2016, Fisker a dû faire face à une concurrence accrue des constructeurs automobiles établis comme Tesla, Hyundai, Kia, Ford, General Motors et le leader chinois des VE, BYD. Ces géants de l’industrie offrent désormais des SUV électriques comparables au Fisker Ocean, mais avec des risques moindres pour les consommateurs en raison de leur renommée et de leur fiabilité.
La faillite de Fisker met en lumière les défis plus larges auxquels l’industrie des VE est confrontée. Bien que les ventes mondiales de véhicules électriques devraient augmenter de 21% cette année, selon l’Agence Internationale de l’Énergie, cette croissance est inférieure à l’augmentation de 35% observée en 2023. Aux États-Unis et en Europe, des obstacles comme le prix plus élevé des VE comparé aux voitures conventionnelles et le manque d’infrastructures de recharge publique freinent l’adoption rapide des véhicules électriques.
Cette faillite marque un second échec pour Henrik Fisker, après l’effondrement en 2013 de son précédent projet, la berline hybride rechargeable Karma.
Fisker Ocean bradé : faut-il encore l’acheter ?
Malgré ses caractéristiques intéressantes et son design réussi, le Fisker Ocean produit en Europe est un modèle électrique qu’il vaut mieux éviter à l’achat. Premier point critique : la disparition de la marque entrainera la fin des garanties possibles, des recours, des rappels constructeurs, des mises à jour…Pour un véhicule high-tech dont la mise au point est déjà critiquée, les risques sont grands de rencontrer de sérieux problèmes. Deuxième difficulté si vous achetez un Fisker Ocean : trouver un garage qui voudra bien assurer l’entretien et les réparations, alors que les pièces seront très difficiles à trouver. Et enfin dernière difficulté et pas des moindres : aucun professionnel ne voudra vous faire de reprise, et la revente entre particuliers sera également longue et difficile. Alors même si vous trouvez dans les prochains mois un Ocean à un prix défiant toute concurrence, on vous déconseille sérieusement de l’acheter.