Dans la gamme Tesla, la Model 3 occupe une place à part : c’est à la fois le modèle d’entrée de gamme en attendant une éventuelle et attendue Model 2, et aussi l’ex best-seller de la marque. Bien lancée, la Model 3 a en effet été éclipsée par sa déclinaison SUV, le Model Y. Je parle uniquement uniquement des chiffres de ventes, et non des prestations du modèle. Cette Tesla Model 3 mérite-elle encore le détour face au Model Y ? Nous avons pris le volant de la version Propulsion, la moins chère de la gamme.
Design : la plus réussie des Tesla ?
Esthétiquement, tout le monde n’est pas forcément partisan du design Tesla. Mais cette berline électrique est sans doute la plus sobre de la gamme : bien plus compacte qu’une Model S, elle évite l’extravagance d’un Model X et apparait comme nettement mieux proportionnée qu’un Model Y. En toute objectivité, la Model 3 est certainement l’une des deux ou la plus élégante des Tesla.
Présentée comme une berline, le Model 3 joue plutôt dans la catégorie des coupés 4 portes avec une malle arrière et non un hayon, des portières sans encadrement de vitres et une silhouette très profilée.
Notre voiture d’essai arbore la fameuse peinture Rouge multicouches, facturée la bagatelle de 2000 euros ! Une somme qui est élevée au vu de la fragilité de la peinture. Sur la partie avant, il sera difficile voire impossible de ne pas rapidement relever des impacts sur la peinture, que ce soit sur le bouclier, le capot ou les ailes avant. Dommage, car le rendu esthétique est réussi et change des classiques blanc ou noir. Précisons aussi qu’au tarif actuel de 41990 euros, cela laisse 5000 euros de marge pour d’éventuelles options sans risquer de perdre le bonus écologique. Ce qui n’est pas le cas du Model Y Propulsion affiché à 45990 euros : la peinture rouge fait alors perdre le bonus car le plafond de 47000 euros est dépassé !
En dehors de la peinture, la seconde option qui ajoute de la personnalisation concerne les jantes alliage. Les jantes Aero 18″ ici de série peuvent alors être remplacées par des jantes optionnelles 19″ facturées 1190 euros. Une option qui fait aussi chuter l’autonomie d’une vingtaine de kilomètres…
Nous ne pouvons pas passer sous silence les fortes présomptions qui concernent l’arrivée d’un facelift pour ce modèle. Tesla ne l’a pas confirmé, mais des photos ont déjà fuité : il est probable que la « nouvelle » arrive d’ici la fin de l’année 2023. Les changements concerneront principalement la face avant, qui adopterait des blocs optiques plus effilés.
Vie à bord : ambiance épurée
L’habitacle de la Tesla Model 3 est assez proche de celui du Model Y : passer de l’une à l’autre ne vous dépaysera pas. Les concepteurs ont misé sur un habitacle épuré, avec une planche de bord très rectiligne qui va jusqu’à masquer ses aérateurs très subtilement. Un seul écran de 15″ est placé au centre, horizontalement : il servira pour l’ensemble des fonctions du véhicule, y compris l’affichage de la vitesse !
Tesla a fait des économies en ne proposant devant le conducteur ni une petite instrumentation numérique, ni même un affichage tête haute. Un point assez déroutant au départ…De la même manière, toutes les fonctions de climatisation radio et autres passent pas l’écran tactile. On aurait apprécié à minima une petite instrumentation digitale face au conducteur, voire un affichage tête haute.
La firme américaine va assez loin dans les aspects fun, en proposant par exemple un affichage avec un feu de cheminée, un mode Père Noël, ou encore plus étonnant la possibilité de jouer à un jeu vidéo de course façon Mario Kart, en utilisant le volant et les pédales de la voiture ! Les enfants devraient adorer. Tout comme la possibilité de faire retentir un bruit de pet localisé dans l’habitacle, que ce soit de manière précise ou aléatoire. Mais ce n’est pas tout : il est aussi possible de lancer un mode de danse où la voiture va s’animer en faisant clignoter ses blocs optiques, en ouvrant et fermant le coffre électrique, en pliant et dépliant les rétroviseurs et en ouvrant et fermant les vitres…C’est unique en son genre dans la catégorie. Gadget, certes, mais quand même sympa.
Il n’y a pas non plus de différence de présentation intérieure ou d’équipement supplémentaire quand on monte en gamme : toutes les Model 3 sont présentées exactement de la même façon.
Si de série, la sellerie est noire et les inserts bois en couleur classique, il est possible d’activer une option à 1190 euros pour que la sellerie soit blanche, elle s’accompagne d’inserts différents sur la planche de bord et les contre-portes. Il s’agit d’un revêtement en faux cuir, que ce soit sur les sièges en noir ou en blanc. Et si le blanc vous fait peur pour l’entretien, Elon Musk avait tweeté qu’ils sont faciles à nettoyer, même si on renverse du vin rouge dessus ! Les sièges disposent à l’avant de réglages électriques, et la fonction chauffage est présente sur les sièges avant, mais aussi pour la banquette arrière et pour le volant. Et le tout en série !
Parmi l’équipement de série, la Tesla Model 3 dispose d’une vaste toit panoramique. Celui-ci est fixe, et comprend deux parties. La lunette arrière va en effet jusqu’au-dessus des passagers arrière ! Il sera en revanche impossible de cocher une option toit ouvrant : cela n’existe pas sur ce modèle. La seule Tesla à l’avoir proposé est le Model S.
Parlons un peu de la qualité de finition : de loin, elle semble digne d’un modèle premium. En revanche quand on y regarde de près, si l’assemblage est d’un bon niveau la qualité des matériaux est plus dans l’esprit de modèles généralistes. Regardez par exemple dans la galerie photo le grain de cuir du volant : on est loin d’un cuir pleine fleur, qu’on trouve même sur certaines Peugeot.
Du côté du coffre, contrairement au Model Y le Model 3 doit en revanche se priver du hayon. La malle est toutefois motorisée, et elle présente un volume de chargement de 561 litres. On est bien en-dessous de celui du Model Y, mais la contenance est tout de même digne de son segment et de sa longueur. A l’avant, un petit coffre de 88 litres complète cette soute de chargement.
Très proche du SUV Model Y dans l’aménagement et avec des équipements similaires, la Model 3 est évidement moins généreuse en espace et en volume de coffre.
A conduire : la moins performante, pas la moins plaisante
Cette version Propulsion de la Tesla Model 3 est donc la moins puissante et la moins performante de la gamme. Malgré tout, elle se permet tout de même d’aller taquiner le 0 à 100 km/h en seulement 6,1 secondes ! Des performances dignes d’une petite sportive. La version Dual Motor fait encore mieux avec 4,4 s, quand à la version Performance, elle, ne met que 3,3 s : un temps qui égale presque les 3,2 s d’une Audi R8 V10 Plus de 610 ch. C’est dire si les performances de cette familiale électrique sont étonnantes.
Pour en revenir avec cette version Propulsion, le niveau de performances est déjà très agréable et sympathique quand il s’agit de s’insérer sur l’autoroute ou de réaliser un dépassement.
Par rapport au Model Y, le Model 3 profite aussi d’un centre de gravité abaissé qui améliore les sensations au volant et le comportement routier. Il est aussi possible d’activer le réglage sport qui apporte aussi un plus au niveau de la direction, qui devient plus directe. Autant le dire tout de suite : une Tesla Model 3 Propulsion est moins rapide, mais nettement plus plaisante à conduire qu’une Tesla Model Y Dual Motor. ( lire notre essai de la Tesla Model Y Grande Autonomie Dual Motor 2023 ).
Cette Model 3 profite aussi d’une monte pneumatique 235/45 R18 en Michelin Pilot Sport 4, on apprécie ! Ces très bons pneumatiques livrés en première monte sont sans doute le seul élément signé d’une entreprise française sur cette américaine fabriquée en Chine…
Bien suspendue, cette berline se révèle donc pus plaisante à conduire que le SUV Model Y avec un meilleur ressenti au volant.
Parlons un peu de batterie et de charge : l’un des sujets incontournables sur une voiture électrique. Tesla mise sur la technologie LFP ( lithium fer phosphate ) moins onéreuse que des batteries lithium-ion. Avec cette « petite » batterie de 62 kWh, la Model 3 RWD affiche 491 km d’autonomie en 19″, et 510 km en monte 18″ d’origine. Ce très bon niveau d’autonomie rapporté à une batterie finalement de taille moyenne, pas si loin de celle d’une Peugeot e-308 ( 54 kWh ) est en grande partie possible grâce à la consommation très contenue. Elle est en effet annoncé en mixte à seulement 14,4 kWh, un chiffre beaucoup plus bas que la plupart de ses rivales. Sur ce point, la Tesla Model 3 profite de sa faible garde au sol et de sa carrosserie profilée. Dans la vraie vie, on n’est pas très loin de ce chiffre : la consommation mixte de notre voiture d’essai affiche un petit 15,2 kWh en conso mixte sur plusieurs milliers de kilomètres.
Pour la recharge, l’américaine est très bien pourvue avec une puissance de charge maxi de 170 kW qui lui permet de profiter de charge rapide sur les superchargeurs Tesla. Ce réseau très étoffé demeure l’un des points forts pour la marque, et permettent d’envisager de longs parcours. Sur autoroute la consommation grimpera tout de même au-delà des 20 kWh : pas de miracle quand on maintient une vitesse stabilisée de 130 km/h sans jamais récupérer d’énergie au freinage ou à la décélération…
Sur des bornes plus standard, la Tesla Model 3 profite aussi d’un chargeur embarqué de 11 kW, plus que de nombreuses rivales là encore.
La recharge en superchargeur Tesla demeure un argument de poids. En dehors du réseau assez dense, la praticité est assez incroyable. Il suffit en effet de raccorder sa Tesla au câble du superchargeur pour que la charge débute : pas besoin de déverrouiller une borne ou de passer par une application.
En revanche ceux qui ne possèdent pas de Tesla mais souhaitent se recharger sur ce réseau n’échapperont pas à ces contraintes, et ne pourront pas profiter de cet aspect « plug & play » ultra simplifié.
Budget : des tarifs qui évoluent au gré du vent
Attention : les prix de la Tesla Model 3 n’ont pas cessé de bouger depuis le début de l’année 2023. Au moment où nous écrivons cet article, la Model 3 Propulsion est facturée 41990 euros. Un tarif plus qu’abordable au vu de l’équipement et des prestations proposées. Cela permet également de bénéficier du bonus écologique de 5000 euros, et de faire tomber le prix d’achat à 36990 euros. A condition de ne pas opter pour une des rares options proposées…
La seconde motorisation Dual Motor est facturée 8000 euros de plus, mais comme à 49990 euros elle ne donne pas droit au bonus, cela fait grimper la différence de prix à 13000 euros. L’autonomie peut ainsi passer à 602 km, et les performances progressent encore comme vu plus haut. Sans oublier la motricité avec quatre roues au lieu de deux pour distribuer la puissance élevée. Mais il est clair que la différence de prix n’est pas anodine !
Une autre version est intéressante : la Model 3 Propulsion Grande Autonomie. Celle-ci reprend la grosse batterie mais pas la configuration à deux moteurs. Initialement réservée aux professionnels, nous l’avons déjà vue dans les voitures à destocker sur le site Tesla au prix de 40990 euros bonus de 5000 euros déduit. Soit 4000 euros de plus que la version Propulsion classique, mais avec une autonomie qui grimpe à 625 km : plutôt intéressant.
Parmi les rivales directes de la Model 3, on peut trouver la Renault Megane E-TECH EV60 en finition Techno. Affichée à 44500 euros avant déduction du bonus, elle propose une autonomie assez proche de la Model 3 Propulsion, et des performances là encore inférieures. Mais la Megane peut avancer un argument qui plaira à beaucoup d’acheteurs : sa fabrication ( et sa conception ) réalisées en France, quand l’américaine est pour l’instant assemblée en Chine. ( pour la version Propulsion ).
Un point sur la garantie : la voiture est couverte pendant 4 ans ou 80 000 km, alors que la batterie bénéficie d’une durée portée à 8 ans ou 160 000 km.