L’essor du marché de l’occasion pour les voitures électriques s’accélère, mais leur revente demeure plus lente que celle des modèles thermiques. D’après le baromètre VEO Avère France-Mobilians, les délais moyens de vente atteignent 147 jours, contre 101 jours pour un modèle thermique. Comment expliquer cet écart ?
Un marché en pleine évolution
Depuis 2019, le volume de voitures électriques d’occasion ne cesse d’augmenter. Cette montée en puissance s’explique par la multiplication des ventes de modèles neufs ces dernières années, mais aussi par l’arrivée d’une première vague de véhicules issus de contrats de location longue durée (LLD) et de leasing. Cependant, leur diffusion sur le marché de l’occasion ne se fait pas sans difficultés.
D’une part, la part des reventes par des professionnels est plus importante pour les modèles électriques (45 %) que pour les thermiques (35 %). Cela signifie que ces voitures passent davantage par des réseaux structurés avant de trouver un nouvel acquéreur, ce qui peut allonger le délai de revente.
Des écarts selon l’âge et le segment
L’un des principaux enseignements de l’étude repose sur la forte disparité des délais de vente en fonction de l’ancienneté du véhicule et de son segment. Les modèles âgés de 3 à 5 ans se revendent en moins de 120 jours, tandis que ceux de moins de 3 ans restent en moyenne 50 jours de plus sur le marché. Ce phénomène s’explique notamment par le prix élevé des modèles récents et la prudence des acheteurs vis-à-vis des évolutions technologiques des batteries.
Le segment du véhicule influe également sur la rapidité de la vente. Les citadines électriques du segment A, plus abordables et adaptées à un usage urbain, trouvent preneur plus rapidement que les berlines et SUV des segments supérieurs, dont la décote peut être plus marquée.
Cette revente plus longue a un impact sur les prix : ceux qui veulent accélérer la revente de leur voiture, par exemple pour éviter une reprise, vont casser les prix. La décote d’une voiture électrique est actuellement plus marquée que pour une voiture hybride.
Un impact géographique notable
Les délais de revente varient aussi selon la région. En Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, les ventes sont plus rapides que la moyenne nationale. Cela peut s’expliquer par une densité de population plus élevée et des infrastructures de recharge plus développées, rendant l’acquisition d’un véhicule électrique plus pertinente. À l’inverse, dans des zones moins urbanisées, l’implantation encore inégale des bornes de recharge et les habitudes de conduite différentes peuvent ralentir la décision d’achat.
Un phénomène voué à évoluer
La lenteur relative du marché de l’occasion pour les voitures électriques est en partie liée à la maturité encore récente de ce segment. Mais avec l’amélioration continue des autonomies, le développement du réseau de recharge et l’augmentation du nombre d’acheteurs sensibles à la transition énergétique, cette tendance pourrait évoluer rapidement.
Pour accélérer la revente, certains leviers sont à explorer : une meilleure communication sur l’état des batteries, un encadrement des prix plus compétitif et une transparence accrue sur l’historique du véhicule. Les aides à l’achat d’occasion, comme la prime à la conversion, peuvent aussi jouer un rôle clé dans la démocratisation du marché.
La revente des voitures d’occasion sera facilitée quand les automobilistes se mettront en masse à l’électrique : cette transition ne s’amorce que lentement, et moins bien que les prévisions les plus optimistes.