Circulation en inter-files : une généralisation sous haute surveillance

Circulation en inter-files : une généralisation sous haute surveillance
Circulation en inter-files : une généralisation sous haute surveillance – image générée par IA

À partir du 11 janvier 2025, la circulation en inter-files (CIF) des deux et trois roues motorisés devient une pratique légale en France. C’est le décret n° 2025-33, publié au Journal officiel le 9 janvier, qui inscrit désormais cette pratique dans le Code de la route. Une évolution majeure pour les motards, mais aussi pour la sécurité routière, qui n’a pas laissé de place à l’improvisation.

Une avancée encadrée par une décennie de tests

La généralisation de la CIF n’est pas une simple décision administrative : elle est l’aboutissement de près de dix ans d’expérimentations. De 2016 à 2024, deux campagnes distinctes ont permis au CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) de collecter des données précieuses. Ces études ont confirmé une stabilité des accidents en inter-files, mais elles ont aussi mis en lumière les comportements à risque, notamment la vitesse excessive des conducteurs.

L’une des recommandations phares du rapport du CEREMA, adoptée dans le décret, est la possibilité de recourir à la vidéo-verbalisation pour sanctionner les infractions. Une première dans l’histoire de la CIF, qui s’ajoute à la création d’une infraction spécifique au non-respect des conditions de pratique.

Un cadre clair pour une pratique responsable

Le décret encadre précisément les conditions de la CIF. Seuls les deux et trois roues motorisés de moins d’un mètre de large peuvent en bénéficier. Elle est autorisée sur les autoroutes et routes comportant au moins deux fois deux voies séparées par un terre-plein central, avec une limitation de vitesse comprise entre 70 et 130 km/h. Les conducteurs doivent évoluer entre les deux files les plus à gauche, uniquement lorsque le trafic est dense ou très ralenti.

Cependant, certaines restrictions s’appliquent : la CIF est interdite sur des routes en travaux, enneigées ou verglacées. La vitesse maximale autorisée est fixée à 50 km/h en inter-files, mais elle est abaissée à 30 km/h si une des files est complètement à l’arrêt. Toute infraction à ces règles peut entraîner une contravention de 4e classe et un retrait de trois points sur le permis.

Une pratique qui soulève encore des débats

Si cette généralisation est saluée par une grande partie des usagers de la route, elle suscite néanmoins des interrogations. D’abord, sur la sensibilisation des automobilistes. Ces derniers devront redoubler de vigilance, notamment dans les zones autorisées à la CIF, pour éviter les collisions. Ensuite, sur les moyens mis en œuvre pour contrôler efficacement cette pratique, surtout dans un contexte où la vidéo-verbalisation reste un dispositif encore peu déployé.

La CIF impose également des responsabilités supplémentaires aux motards. Respecter les limitations de vitesse et les règles spécifiques est crucial pour la sécurité de tous. En comparaison, d’autres pays comme la Belgique ou les Pays-Bas autorisent depuis longtemps la CIF, mais leurs réseaux routiers, souvent plus adaptés et accompagnés de campagnes de sensibilisation efficaces, limitent les risques.

Une avancée, mais pas sans conditions

Avec cette décision, la France rejoint les rares pays européens à encadrer légalement la circulation en inter-files. Si les motards saluent cette reconnaissance, l’objectif principal reste clair : garantir une sécurité optimale pour tous les usagers. Les autorités devront accompagner cette évolution par des actions pédagogiques et un contrôle strict des comportements à risque.

L’avenir de la CIF en France repose donc sur l’équilibre entre liberté de mouvement et sécurité collective. Les premières semaines de mise en œuvre seront cruciales pour évaluer l’efficacité de ce nouveau cadre et ajuster, si nécessaire, les modalités pratiques.

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Arnaud Martin

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