Carlos Tavares démissionne de Stellantis : l’ère Tavares s’achève, l’incertitude commence

Carlos Tavares au Mondial de l'automobile de Paris 2024
Carlos Tavares au Mondial de l’automobile de Paris 2024

Coup de tonnerre dans l’industrie automobile : Carlos Tavares, à la tête de Stellantis depuis sa création en 2021, a démissionné avec effet immédiat, a annoncé le groupe dans un communiqué. Ce départ soudain, expliqué par des “points de vue différents” entre le conseil d’administration et le dirigeant, ouvre une nouvelle ère pour le géant automobile qui réunit des marques comme Peugeot, Fiat et Jeep.

Un changement dans la continuité

Pour pallier ce départ, Stellantis a mis en place un comité exécutif temporaire présidé par John Elkann, également président du conseil d’administration. Le processus de recrutement d’un nouveau CEO est déjà engagé et devrait aboutir d’ici le premier semestre 2025. En attendant, Elkann a confirmé que les objectifs financiers 2024, déjà présentés en octobre, restent inchangés.

Tavares, connu pour son leadership méthodique et sa capacité à redresser des entreprises en difficulté, avait joué un rôle central dans la fusion entre PSA et FCA, donnant naissance à Stellantis. Il avait également mené avec succès le redressement d’Opel après son acquisition par PSA en 2017. Son départ marque donc une perte majeure pour l’entreprise, même si Elkann a salué son “service dévoué” et son rôle déterminant dans la structuration du groupe.

Un contexte de défis stratégiques

Ce changement intervient à un moment charnière pour Stellantis, alors que l’industrie automobile fait face à des mutations profondes. Entre les pressions pour accélérer la transition vers l’électrique, les incertitudes économiques et la concurrence croissante des marques chinoises, le nouveau CEO devra concilier innovation technologique, compétitivité et stabilité financière.

Sous Tavares, Stellantis avait lancé une série d’initiatives ambitieuses, comme le projet Dare Forward 2030, visant à réduire de 50 % les émissions de carbone d’ici 2030 et à devenir 100 % électrique en Europe.

Un départ aux motivations complexes

Si le communiqué officiel mentionne des divergences stratégiques, certaines sources évoquent un désaccord sur l’orientation future de Stellantis, notamment autour de son positionnement face aux normes environnementales de plus en plus contraignantes et de sa stratégie sur le marché chinois. Ce départ pourrait également être lié aux récents remous dans la gestion des projets numériques, notamment ceux liés au développement de véhicules connectés.

Pour le moment, Stellantis semble déterminé à maintenir son cap, mais le vide laissé par Carlos Tavares, figure de l’industrie et ardent défenseur de la rationalisation des coûts, sera difficile à combler. Ce départ relance également les spéculations sur les futurs dirigeants capables de piloter un groupe aussi complexe, alliant des cultures d’entreprise variées et un portefeuille de marques mondiales.

Quelle suite pour Stellantis ?

Le groupe Stellantis est en difficulté, et certains tabous ont déjà été mis de côté : des marques pourraient être cédées, et des usines devraient fermer. La baisse des ventes sur le marché européen est inquiétante, et ne pourra pas se poursuivre sans conséquences sur la capacité de production de Stellantis. Même des modèles « populaires » comme la Fiat 500e ne fonctionnent pas, avec une usine italienne qui a enchainé les périodes de chômage technique cette année.

Le remplaçant de Carlos Tavares va devoir affronter une tempête, et concilier de nombreux intérêts parfois contradictoires. Dure mission…

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Arnaud Martin

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