Volkswagen pourrait bien être contraint à une décision sans précédent : fermer trois de ses usines en Allemagne. En parallèle, Audi, marque phare du groupe, a confirmé la fermeture de son usine à Bruxelles, qui produit actuellement le Q8 e-tron, restylé en 2022. Cette annonce historique met en lumière les enjeux économiques et stratégiques que rencontre Volkswagen, dans un contexte où l’industrie automobile européenne est confrontée à des défis sans précédent.
Une situation inédite pour Volkswagen
Volkswagen, dont la production en Allemagne est un pilier de l’industrie nationale depuis 1938, n’avait jamais envisagé jusqu’ici de fermer une usine sur son territoire. Pourtant, face à des coûts de production de 25 % à 50 % supérieurs aux objectifs fixés, le constructeur envisage aujourd’hui des mesures drastiques. Thomas Schäfer, directeur des voitures particulières chez Volkswagen, a ainsi souligné que « les opérations ne peuvent pas continuer comme avant ». En cause, une perte de compétitivité au sein des usines allemandes, qui menace la rentabilité du groupe face à des concurrents européens mais aussi asiatiques.
Le groupe a, par ailleurs, déjà entamé des discussions autour de réformes salariales, incluant des réductions de salaires de 10 % pour certains employés, ainsi qu’un gel salarial prévu jusqu’en 2027. Cette annonce, loin de rassurer les 300 000 employés répartis dans les 10 sites allemands, a suscité une vague de protestations, les syndicats ayant appelé à une heure d’arrêt de travail en signe de contestation.
La fermeture de l’usine Audi à Bruxelles : un coup dur pour la Belgique
Audi, marque appartenant à Volkswagen, a confirmé la fermeture de son usine bruxelloise, prévue pour le 28 février 2025, à moins qu’un investisseur ne soit trouvé d’ici là pour reprendre le site. Cette usine emploie environ 3 000 personnes, et sa fermeture serait une première pour Volkswagen en Europe. Les efforts pour trouver un repreneur n’ont pour l’instant pas abouti, et la production du Q8 e-tron, qui y est fabriqué, s’arrêtera ainsi début 2025.
Ce site en Belgique représente un modèle d’adaptation industrielle : au fil des ans, il a progressivement intégré la transition vers la production de véhicules électriques. Cependant, les faibles ventes de l’e-tron et du Q8 e-tron, notamment en Europe, et les difficultés à capter des parts de marché significatives face aux marques asiatiques, ont joué en défaveur du maintien de cette usine.
Un marché européen en repli et une pression asiatique croissante
En Allemagne comme en Europe, les ventes automobiles sont en déclin depuis la pandémie de COVID-19. Le directeur financier de Volkswagen, Arno Antlitz, a estimé que le marché a diminué de près de 500 000 unités depuis 2020. En parallèle, le report du projet Trinity – la future plateforme électrique de Volkswagen – initialement prévu pour 2026 et désormais décalé à 2032, reflète les ajustements nécessaires pour limiter les coûts. En effet, Volkswagen prévoit d’adopter une plateforme existante pour ses futurs modèles afin d’optimiser ses ressources.
La pression asiatique s’intensifie également : la Chine, un marché essentiel pour Volkswagen et ses concurrents allemands, voit ses clients se tourner de plus en plus vers des marques locales telles que BYD et Nio. L’Union européenne a d’ailleurs récemment voté pour imposer des tarifs douaniers allant jusqu’à 45 % sur les véhicules importés de Chine. Cette décision vise à protéger les constructeurs européens mais pourrait également générer des tensions commerciales avec Pékin, tout en risquant d’augmenter les coûts pour les constructeurs qui sont déjà en difficulté sur ce marché.
Conclusion : Un tournant pour l’industrie automobile européenne ?
Si Volkswagen décide de fermer ses usines en Allemagne, cette décision marquerait un tournant historique pour le groupe et pourrait redéfinir le rôle de l’Allemagne comme puissance industrielle. La fermeture de l’usine Audi à Bruxelles, quant à elle, illustre les défis auxquels font face les constructeurs européens dans un marché en pleine mutation. Avec une concurrence accrue et des coûts de production difficilement soutenables, Volkswagen et Audi vont devoir trouver des solutions rapidement pour sauver les meubles…