Le gouvernement Barnier, en place depuis peu, s’apprête à franchir un cap significatif dans la lutte contre les émissions de CO2 liées à l’automobile. La réforme à venir de la fiscalité environnementale automobile, particulièrement du malus CO2, promet d’avoir un impact majeur sur les automobilistes français. Dès 2027, le seuil d’émissions pour être soumis à cette taxe sera abaissé à 99 g/km de CO2, une première dans l’histoire du malus écologique en France. Ce changement est perçu par beaucoup comme une mesure sévère, mais nécessaire pour encourager la transition vers des véhicules plus propres.
Un durcissement progressif d’ici 2027
La réforme ne sera pas brutale, mais progressive. En effet, deux étapes intermédiaires sont prévues avant l’entrée en vigueur du seuil des 99 g/km. En 2025, le seuil sera abaissé à 113 g/km, suivi d’un abaissement à 106 g/km en 2026. Actuellement, seuls les véhicules émettant plus de 118 g/km sont concernés par cette taxe, ce qui permettait à certains modèles à faibles émissions de rester en dehors du champ de la fiscalité. Ce nouveau seuil à 99 g/km d’ici 2027 touchera donc une part bien plus large des véhicules actuellement en circulation, y compris des modèles populaires considérés jusqu’ici comme raisonnablement peu polluants.
L’objectif est clair : accélérer la transition énergétique vers des véhicules à très faibles émissions ou totalement électriques. Mais une telle mesure, aussi vertueuse soit-elle en matière d’environnement, aura des conséquences notables pour les automobilistes. En effet, il est à prévoir que de nombreux modèles de voitures thermiques et hybrides, souvent utilisés par des ménages modestes, se retrouvent frappés par ce malus.
Un montant maximal en hausse : jusqu’à 90 000 euros
En parallèle de cette baisse des seuils, le montant maximal du malus CO2 va lui aussi connaître une hausse spectaculaire. En 2024, un véhicule qui émet plus de 193 g/km de CO2 est déjà taxé à hauteur de 60 000 euros. Ce montant, jugé dissuasif par beaucoup, sera revu à la hausse à raison de 10 000 euros par an pour atteindre un plafond de 90 000 euros en 2027. Une somme faramineuse qui, sans surprise, rendrait inaccessibles de nombreux modèles haut de gamme à moteur thermique.
Cette mesure vise en particulier les voitures de luxe ou les modèles sportifs à fortes émissions. Dans le collimateur du gouvernement, on retrouve des marques comme Porsche, BMW et Mercedes, dont certains véhicules très puissants dépassent allègrement les 193 g/km de CO2. Il est évident que cette montée en puissance du malus sera dissuasive pour les acquéreurs potentiels, mais elle soulève des questions sur les conséquences économiques pour l’industrie automobile, notamment celle des véhicules premium, un secteur déjà sous pression face à la montée en puissance des voitures électriques.
Le malus au poids : une autre arme fiscale
Outre la révision du malus CO2, le gouvernement Barnier prévoit également de revoir le malus au poids. Actuellement, ce malus s’applique aux véhicules dépassant les 1 600 kg, un seuil déjà décrié par certains, notamment les familles nombreuses qui optent pour des monospaces ou des SUV. L’idée derrière cette taxe est simple : plus un véhicule est lourd, plus il consomme de carburant et génère des émissions. Cependant, le gouvernement semble estimer que le système actuel n’affecte qu’une proportion limitée des immatriculations, notamment en raison de certaines exonérations.
Il est donc probable que le seuil de 1 600 kg soit abaissé ou que certaines exonérations, comme celles touchant les véhicules électriques ou hybrides, soient revues. Le gouvernement Barnier justifie cette réforme en expliquant que la hausse du malus sera modérée pour les véhicules à faibles émissions, mais bien plus significative pour les modèles plus polluants, une stratégie visant à inciter à l’adoption de véhicules plus légers et donc plus économes en énergie.
Conclusion : une transition nécessaire mais contraignante
Avec cette réforme, le gouvernement Barnier montre sa détermination à aligner la France sur les objectifs européens de réduction des émissions de CO2 dans le secteur automobile. Si cette politique semble nécessaire pour répondre aux défis climatiques, elle n’en est pas moins contraignante pour une large partie de la population. Les propriétaires de véhicules thermiques, particulièrement ceux des classes moyennes, risquent de se retrouver dans une position inconfortable, pris entre la hausse du malus et le coût élevé de la transition vers des véhicules plus verts.