L’industrie automobile germanique poursuit inexorablement la course en tête à la puissance, à l’image de la firme à l’étoile avec son modèle emblématique SL.
Il faut dire qu’au fil de son histoire, Mercedes a déposé quelques jalons qui ont marqué l’évolution du design dans le segment des voitures de luxe et le modèle SL en est la parfaite représentation.
En mars 1952, la première Mercedes 300 SL de type W194 fut dévoilée à Stuttgart, animée à l’époque par un six cylindres de 3,0 litres, le modèle s’était illustré cette même année aux 24 heures du Mans en décrochant la victoire.
Véritable pilier de l’offensive dans le cercle fermé du luxe, Mercedes nous livre une nouvelle variante de son roadster SL baptisé Mercedes-AMG SL 43, plus affuté que jamais par la division d’Affalterbach. De quoi nous garantir plus de sensations et quelques frissons à ciel ouvert.
DESIGN :
Lourde hérédité pour cette dernière génération de SL « Sport Leitch » pour sport léger en allemand, qui doit à la fois surfer sur le succès de ses illustres tout en intégrant un vent de fraicheur et de sportivité.
Pour les designers d’AMG, il ne fallait pas tomber dans le « rétro design », mais plutôt redéfinir les codes et retrouver les gènes de la Mercedes SL.
Par conséquent, pour cette nouvelle génération de SL apparue en 2022, les ingénieurs d’Affalterbach ont fait table rase de l’ancienne génération et sont repartis du châssis existant de l’AMG GT, ce qui explique les similitudes esthétiques des deux modèles. Même s’il est important de rappeler que toutes les pièces du roadster sont entièrement exclusives.
Avec son allure sportive et son air effronté, force est de constater que ce roadster joue clairement des muscles avec le plus grand naturel. D’ailleurs, c’est surtout dans le modelé des volumes que ce nouveau SL se démarque de sa devancière avec des galbes plus prononcés et des formes on ne peut plus musculeuses.
Ici, les proportions typiques aux carrosseries des différentes générations de SL sont bien respectées avec un empattement long et des porte-à-faux courts, tandis que l’habitacle se montre très reculé avec un pare-brise très incliné.
Ce roadster arbore un profil tendu comme un arc, dont les lignes de la voiture naissent autour de l’emblématique calandre AMG pour se fondre dans une poupe aux hanches puissantes. La voiture semble taillée par le vent et prête à bondir pour dévorer la route.
Manifestement la signature esthétique s’inscrit dans la recherche du meilleur aérodynamisme où les formes suivent les performances, à l’image des poignées de portes entièrement encastrées qui renforcent l’impression visuelle d’un design très épuré à l’instar du modèle EQE 53 AMG que nous avions testé l’an passé.
A ce titre, notons que le roadster bénéficie de série du système d’air actif AIRPANEL. Composée de deux parties, la première fonctionne avec des lamelles cachées derrière la prise d’air inférieure de la jupe avant tandis que la seconde est située derrière la prise d’air supérieure et comporte des lamelles horizontales. L’autre élément actif est le becquet arrière rétractable intégré directement au couvercle du coffre.
La prestance du modèle se poursuit jusqu’à la poupe, avec de très belles formes arrondies qui soulignent le caractère imposant du véhicule. Les feux arrière très effilés et à technologie LED confèrent au véhicule une touche de modernité à l’ensemble. Tandis que la double sortie d’échappements et les sublimes jantes AMG de 21 pouces noir mat assurent le show en termes de sportivité.
Notre version d’essai disposait du Pack Sport Black AMG, option facturée 900 euros qui intègre : le splitter avant et les enjoliveurs de rétroviseurs en finition noir brillant, les enjoliveurs de sortie d’échappement chromés noir, la baguette décorative sur la bordure centrale inférieure ou encore l’insert spécifique sur la jupe arrière.
Enfin au niveau personnalisation, la gamme AMG SL n’est pas en reste avec pas moins de douze coloris dont cinq peintures Manufaktur, à l’image de la teinte Gris Alpin de notre version d’essai. Trois coloris de capote sont également proposés ainsi que différents packs d’individualisation AMG, sans oublier la possibilité d’opter pour le bouchon de réservoir en argent chromé frappé du blason AMG.
Même si la clientèle des Mercedes SL, Jaguar F-Type ou Porsche 911 cabriolet ne se mélangent guère. Les disciples de chaque marque ont leurs propres convictions et affinités. Le choix d’un artiste ou d’une œuvre est une question éminemment subjective, une affaire d’émotion, d’empathie et de désir.
Il n’empêche qu’à chaque fois qu’une Mercedes SL pointe le bout de son nez au coin d’une rue, il vous laisse bouche bée et vous décolle les rétines par sa beauté. D’ailleurs, durant tout notre périple, le roadster n’aura cessé de dévisser la tête de toutes les personnes que nous aurons croisé, la classe « SL », rien d’autre à dire !
HABITACLE :
L’habitable du roadster (de type 2+2 places) offre toutes les qualités esthétiques habituelles des modèles SL avec pas moins de dix garnitures disponibles au configurateur.
En s’installant à bord, le conducteur se sent presque allongé sur la route derrière le long capot. Et contrairement à certains pur-sang qui réclament le gabarit et la souplesse d’un jockey pour prendre place dans l’habitacle, ce SL se révèle plutôt spacieux pour les deux places avant. Malheureusement, les deux places arrière demeurent strictement symboliques et réservées à de jeunes enfants qui devront se montrer on ne peut plus conciliants.
A bord du SL, l’ergonomie est optimisée à son maximum, à l’instar des touches sur le volant AMG Drive Unit qui permettent de sélectionner le mode de conduite de façon très rapide et naturelle. En revanche, certaines commandes sensitives sur le volant peuvent ouvrir à débat en termes de réactivité. Ainsi, régler la commande de régulateur de vitesse au km/h précis réclame une attention toute particulière. Nous aurions préféré des commandes plus conventionnelles c’est-à-dire à switch impulsionnelles qui offrent une meilleure ergonomie et efficacité des commandes.
D’une façon générale, le luxe ne se mesure pas seulement à la liste des équipements, même si les options demeurent chères et nombreuses. Force est de reconnaître que le bien-être est de rigueur à bord de ce SL, grâce à une finition sans faille, bien servie par des matériaux nobles et ajustés au millimètre.
Soulignons également, que les sièges avant profitent de coussins latéraux gonflables pour améliorer le maintien latéral et bien évidemment de différents programmes de massages. Et comme tout cabriolet à l’étoile qui se respecte, rappelons que ce SL est pourvu du système de chauffage de nuque Airscarf toujours aussi efficace et plaisant d’utilisation.
Baptisé « l’hyper-analogue » selon les designers germaniques, l’habitacle répond à une combinaison de géométrie analogique et de monde numérique. Ainsi, l’apparence du combiné d’instrumentation de conduite 100 % numérique peut être entièrement personnalisable. Tandis que l’écran central d’info-divertissement affiche une taille de 11,9 pouces avec des affichages spécifiques AMG performances ou AMG Track Pace. En outre, ce dernier dispose d’une visière et peut être inclinable électriquement entre 12° et 32° afin d’éviter les réflexions de lumières gênantes dues aux différentes positions du soleil.
Niveau connectivité, rappelons que le SL embarque le système MBUX de dernière génération avec la commande vocale « Hey Mercedes ». Bien évidemment en matière de sonorisation, notre roadster est à la hauteur de son blason avec son système audio Burmester High-End facturé en option 4 450 euros sur notre modèle d’essai.
Le SL ne jure que par un toit souple, qui utilise une architecture très complexe. Le système hydraulique s’ouvre ou se ferme en 15 secondes à peine, un strip-tease que la SL est capable d’opérer à des vitesses allant jusqu’à 60 km/h.
Bien vu également, la possibilité d’ouvrir ou de refermer la capote à l’aide de la télécommande une fois la voiture stationnée. Ce qui s’avère bien pratique pour ventiler préalablement l’habitable avant de redémarrer ou bien de refermer la capote après utilisation de la voiture.
Enfin pour en revenir à des questions plus pragmatiques, le roadster offre un volume de coffre de 213 litres. Malheureusement, ses formes ne permettent pas d’embarquer une valise de grande taille. Par conséquent, il vous faudra impérativement faire un choix entre ciel ou bagages.
A CONDUIRE :
La gamme AMG SL Roadster s’articule autour de trois motorisations, la version d’entrée de gamme SL 43 qui nous occupe ici, la version SL63 pourvue d’une motorisation V8, puis la version SL 63 S E Performance qui vient coiffer gamme dans sa technologie hybride rechargeable (avec 612 ch + 204 ch).
Rappelons que depuis 2009, tous les modèles hautes performances de la marque à l’étoile sont conçus de manière totalement autonome par la division AMG située à Affalterbach. Gravée sur le bloc, la signature du mécanicien : « un homme, un moteur » est bien plus qu’un simple slogan, mais s’avère être une véritable devise pour les ingénieurs d’AMG.
Sobrement baptisé SL 43, nous voici en présence d’un bloc quatre cylindres de 1 991 cm3 de cylindrée. Ce dernier revendique des valeurs pour le moins exceptionnelles au regard de sa cylindrée, avec une puissance de 381 ch (+ 14 ch électrique), ainsi qu’un couple généreux de 480 Nm (+ 150 Nm électrique) entre 3 250 et 5 000 tr/min.
Sous le long capot du roadster, le 4 cylindres AMG bénéficiant d’une technologie semi-hybride AMG vient de démarrer et laisse entendre un joli ronronnement.
Et en matière de performances, au volant de ce SL 43 AMG, on franchit d’intangibles frontières. Les premières accélérations lèvent le doute : la poussée paraît inépuisable mais toujours enrobée d’une belle dose d’onctuosité et d’une mélodie enivrante. Et que les puristes se rassurent, ce bloc quatre cylindres a bien été dressé par les ingénieurs d’Affalterbach. Les mélopées de la mécanique passent des feulements aristocratiques à bas régimes à des envolées plus stridentes dans le haut du compte-tours.
Issue de la technologie de la Formule 1, le SL 43 AMG embarque un moteur électrique d’à peine quatre centimètres, intégré directement sur le turbocompresseur entre la roue de la turbine du côté de l’échappement et la roue du compresseur du côté de l’admission. Ainsi, ce dernier entraine directement l’arbre du turbocompresseur et accélère la roue du compresseur avant que le flux de gaz d’échappement ne prenne le relais de manière conventionnelle. Dans les faits, le moteur à combustion réagit de façon beaucoup plus spontanée aux commandes de la pédale d’accélérateur.
Pour preuve, le 0 à 100 km/h est effacé en seulement 4,7 secondes, tandis que la vitesse maximum est communiquée par le constructeur à 275 km/h.
L’accélération est pour le moins dantesque, avec une poussée exponentielle qui paraît sans fin, du moins jusqu’au rupteur à 6 750 tr/min autorisés par le rupteur. Pas le temps d’apprécier les envolées lyriques de Stradivarius, il faut se concentrer sur la route.
Il faut bien avouer que les sorciers d’Affalterbach savent donner une coloration sportive à tous les sujets qu’ils abordent. La poussée de ce quatre cylindres n’a d’égal que sa sonorité stridente qui vous dresse les poils sur le bras avant de vous les arracher lorsque vous roulez à ciel ouvert.
Sur les voies rapides et autres voies d’accélérations en entrée d’autoroute, les reprises autoritaires permettent de survoler les débats quant aux performances de l’engin.
A bord, c’est le pare-brise qui tient lieu de petit écran ! Seul impératif, conserver la tête froide au risque de dépasser les limites.
Pour profiter pleinement de ses performances, ce roadster étoilé s’appuie sur des disques de freins ventilés et surdimensionnés, une garde au sol abaissée, une suspension pneumatique à amortissement piloté plus ferme et couplée à un correcteur d’assiette automatique régulant la hauteur de caisse en fonction de la vitesse.
Ce déploiement de force tranquille et les roues arrière directrices avec un angle de braquage jusqu’à 2,5° (option à 2 300 euros) incitent aux voyages au long cours. Notons que le roadster est pourvu d’un autobloquant AMG contrôlé électroniquement sur l’essieu arrière qui permet de répartir les forces de manière optimale entre les deux roues dans les virages.
Et lorsque le parcours emprunte le réseau secondaire, ce roadster peut sans mal suivre le rythme des meilleures sportives du moment. Mais la prudence reste de mise, car le SL 43 AMG vous met au défi d’aller toujours plus loin. Si bien qu’on oublie rapidement le poids l’engin (1 810 kg) car l’équilibre général est remarquable avec une répartition de la masse quasi équitable entre l’avant et l’arrière.
Vous pouvez ainsi vous laisser dériver en toute confiance dans les virages et ainsi augmenter la cadence tellement l’efficacité du châssis ne peut être décrite comme diabolique. On se pince face à une telle efficacité et un tel équilibre.
En effet, quel que soit le rayon du virage, il suffit de se concentrer sur le freinage et le point de corde tout en donnant au volant l’angle nécessaire pour que les roues avant enroulent la courbe sans dévier la trajectoire, l’arrière glissant progressivement… si besoin.
Bref, malgré son poids conséquent, ce roadster reste digne même lorsqu’il est bousculé. Néanmoins, le raffinement mais surtout le tarif de l’auto suggère une façon de conduire un peu plus distinguée.
D’autant qu’il n’est pas la peine d’être pilote et encore moins de rouler le couteau entre les dents pour en apprécier les bienfaits.
Il n’empêche, peu de roadsters affichant ce niveau de performances font preuve d’une telle polyvalence et d’une telle facilité de conduite.
A noter, que la firme germanique propose en option le Pack Dynamic Plus AMG composé d’un train de roulement AMG Ride Control abaissé de 10 mm avec un différentiel électronique autobloquant sur l’essieu arrière moyennant 4 900 euros.
Au niveau de la transmission et comme il est d’usage chez Mercedes, la transmission automatique 9 rapports MCT 9G Speedshift AMG s’en sort admirablement bien et préserve l’essentiel, à savoir une remarquable douceur de fonctionnement. Les neufs rapports de la transmission AMG Speedshift MCT 9G s’égrènent en quelques centièmes de secondes, au fur et à mesure que l’aiguille du compte-tours se jette dans la boîte à gants.
Sur les petites routes de campagne, la voiture se pose parfaitement sur ses appuis, sans pompage ni dérobade. Les suspensions jouent alors leur parfaite partition sans fausse note.
Le système de freinage s’avère excellent et reste un des points forts du véhicule, avec une sensation franche dans la pédale et un bon équilibre au freinage. Il faut dire, que le roadster s’appuie de série sur un dispositif de freinage en composite hautes performances AMG, avec des disques de 390 mm sur le train avant pincés par des étriers à six pistons et 360 mm sur à l’arrière (étriers mono pistons). Par conséquent, les distances d’arrêt se veulent très rassurantes, le roadster freine court et fort sans jamais de désunir.
Enfin, pour ceux qui envisagent de rouler longtemps et de façon détendue au volant de ce SL, ils seront ravis d’apprendre que le roadster peut embarquer les systèmes d’aide à la conduite les plus perfectionnés, comme le Pack Assistance d’aide à la conduite incluant notamment l’assistant de régulation de distance DISTRONIC actif (option à 2 500 euros).
BUDGET :
La recherche de l’excellence ne connaît pas de limite, ce qui est également vrai question tarif avec une mise de départ pour notre version AMG SL 43 à 145 800 euros (hors options).
A titre de comparaison, nous pourrions citer la Porsche 911 Cabriolet qui débute les hostilités à partir de 145 900 euros, tandis qu’une Jaguar F-Type R75 Convertible se monnaie à partir de 142 900 euros. En définitive, le modèle à l’étoile se situe parfaitement à sa place au niveau de la concurrence.
Même si l’équipement de série se montre très complet avec la capote en tissu multicouche à commande électrique, les jantes en alliage AMG de 19 pouces, la technologie Digital Light, le système de freinage en composite, notre version à l’essai affiche tout de même pas moins de 15 300 euros d’équipements optionnels, parmi lesquels : les roues arrière directrices (2 300 euros), le pack d’assistance à la conduite (2 950 euros) ou encore le système de sonorisation Burmester (4 450 euros).
La consommation moyenne WLTP revendiquée de 9,4 l/100 km reste bien évidemment une vue de l’esprit, mais les 10,9 l/100 km sont atteignables… Du moins, à condition de sélectionner le mode confort et de calmer ses ardeurs au volant sur un trajet routier. En cycle mixte, notre consommation s’est soldée à 13,8 l/100 km au terme de notre essai.
Preuve que son hybridation 48V permet tout de même de soigner son bilan énergétique, même si notre version d’essai affiche un rejet de Co2 de 212 g/km qui fera grimper inexorablement les frais de mise à la route, avec un malus écologique pour le moins dissuasif de 60 000 euros.
Un peu cher pour un 4 cylindre malgré la technologie.
Article toujours super