Nous sommes partis en Autriche pour découvrir mais aussi tester le tout dernier pneu toutes saisons de Continental : le AllSeasonContact 2. Avec le déploiement de la loi montagne en France, les automobilistes vont devoir s’équiper plus sérieusement en pneumatiques hiver ou toutes saisons, sauf s’ils préfèrent rester sur des chaines dans les situations les plus périlleuses lors de la montée d’un col enneigé…
Depuis quelques temps déjà, les pneumatiques toutes saisons deviennent un marché de plus en plus important. Ils sont plébiscités par les automobilistes qui ne veulent pas s’équiper d’un jeu de roues hiver en plus d’un jeu de roues été, et sont même de plus en plus souvent proposés en option lors de la commande d’une voiture neuve. Dans ce contexte, Continental avait déjà lancé en 2016 le AllSeasonContact. Ce pneumatique toutes saisons avait alors commencé sa carrière en étant proposé sur un peu plus de 53 % des montes du marché, avant de s’étendre en 2021 à près de 90 % du marché. Son remplaçant ne compte pas faire les choses à moitié : il sera dès le lancement proposé dans de très nombreuses dimensions allant de 15 à 21″.
Et il s’annonce surtout en progrès dans la plupart des critères fondamentaux, tout en faisant les compromis nécessaires et inévitables…
Continental AllSeasonContact 2 : l’art du compromis
Les ingénieurs Continental ont travaillé pendant 2 ans et demi pour développer ce nouveau pneumatique toutes saisons. Leur objectif était de faire mieux que le premier AllSeasonContact, ce qui est vrai dans la plupart des critères retenus.
Un pneumatique toutes saisons est un pneumatique qui vise une utilisation toute l’année : il doit être sécurisant et efficace aussi bien par de fortes chaleurs qu’avec des températures négatives, sur le sol comme sur un sol einneigé. Les contraintes sont tellement opposées qu’un pneu toutes saisons, quel qu’il soit, doit obligatoirement faire des compromis.
De façon générale, un tel pneu est donc moins efficace et sportif que des pneumatiques premium tels que le Continental SportContact 7, et ne pourra pas rivaliser sur la neige avec un Continental WinterContact 7.
Premier élément de ce nouveau AllSeasonContact 2 : une bande de roulement totalement repensée. Les ingénieurs ont développé et comparé le comportement de 14 sculptures différentes avant de sélectionner celle qui équipe ce nouveau pneu. Elle se distingue notamment par des blocs en C inédits. Ces derniers vont s’épauler, ce qui garantit un bonne tenue de route lorsque l’usure du pneu va s’accentuer davantage.
Le dessin de la bande de roulement reste sur un dessin directionnel en V, adopté en général par les pneumatiques hiver et toutes saisons. Cette forme facilite l’évacuation de l’eau, et permet donc d’obtenir de meilleurs résultats sur une chaussée détrempée en freinage, ainsi qu’en situation d’aquaplaning.
La deuxième composante d’un pneumatique est le mélange de gommes employées, les fameux polymères. Continental aime parler de composantes « Chili » : certaines sont dédiées à réduire la résistance au roulement, d’autres visent la meilleure longévité possible, d’autres sont indispensables pour l’adhérence sur le mouillé, d’autres sur la neige…
C’est le mélange des différents polymères qui va ainsi permettre d’obtenir une combinaison unique, qui sera différente d’un modèle de pneumatique à un autre.
Et enfin, Continental a aussi revu la carcasse même du pneumatique, notamment pour que le pneu soit adapté à des poids très élevés comme nous allons le voir ensuite.
Quels sont les progrès du AllSeasonContact 2 ?
D’après Continental, tous les voyants sont au vert par rapport au modèle sortant avec des progrès dans presque tous les domaines. La résistance au roulement progresse de 6 %, gage d’une consommation abaissée. La longévité est améliorée de 15 % : sur ce point Continental s’identifie même en meilleure position que Michelin. Le nouveau AllSeasonContact 2 serait donc supérieur en longévité au Michelin Crossclimate 2. Là dessus aucun manufacturier ne communique sur des chiffres précis de durée de vie, étant donné que la longévité d’un pneu est trop variable selon le véhicule, les types de parcours mais aussi le conducteur et son style de conduite. Mais si un conducteur peut réaliser 25.000 km en Michelin CrossClimate, il serait en mesure de réaliser 30.000 km en Continental AllSeasonContact 2. A vérifier bien évidemment !
En freinage sur le sec, le nouveau pneu Continental AllSeasonContact 2 progresse de 5 %, en adhérence sur le sec également, en freinage sur le mouillé il progresse de 4 %.
Statut quo en revanche sur la neige : son efficacité reste similaire au modèle sortant. Un petit bémol est à retenir : en situation d’aquaplanning, il s’en sort un peu moins bien avec une note de 98 % contre 100 % pour le modèle sortant. Mais ce léger recul est selon la marque peu significatif et moins important que les progrès réalisés. Passons donc aux différents tests que nous a proposé Continental lors de différents ateliers.
Les tests sur piste
Continental avait choisi deux modèles de petites sportives pour sa démonstration sur piste : les Hyundai i20N et Toyota GR Yaris. Ces deux sportives sont assez différentes en adhérence : la première est une traction avant de 204 ch, alors que la seconde est une transmission intégrale de 261 ch. Deux petites GTI d’aujourd’hui, malheureusement plus trop dans l’air du temps malgré leur pedigree : la i20N a disparu du catalogue, alors que la GR Yaris est soumise en France à un malus écologique qui dépasse l’entendement. Mais revenons à notre test !
La piste de l’essai se situe au ÖAMTC Driving Technique Centre Saalfelden/Brandlhof, il s’agit d’une piste assez courte de 1,3 km équipée d’un dispositif pour arroser copieusement une partie du tracé. En l’occurence la ligne droite des stands pour tester un freinage fort sur le mouillé, et une longue courbe pour tester l’adhérence sur le mouillé alors que la voiture a les roues braquées.
Bien entendu, nous avons pu rouler sur cette piste à un rythme bien plus soutenu que ce qui est possible sur route ouverte.
Et globalement il faut bien admettre que le nouveau Continental AllSeasonContact 2 s’en sort très bien dans cet exercice. Sur une petite sportive, on aurait de prime abord un peu de mal à penser l’équiper en pneus toutes saisons.
Dans le cas de la i20N, l’adhérence aura été très positive, y compris lors du virage en épingle sur sol mouillé. Même en empruntant la courbe à une vitesse excessive, la i20 chaussée en Continental AllSeasonContact 2 n’a pas subi de sous-virage. Elle est restée très saine et sécurisante. La maniabilité est également très réussie, avec des passages gauche – droit rapides qui génèrent des transferts de masses importants sur la piste utilisée.
La même courbe en épingle empruntée par la GR Yaris donne encore d’autres sensations : avec ses quatre roues motrices, la Toyota a une adhérence hors du commun. Difficile de la prendre en défaut sur un telle piste, où cette petite bombe ne peut pas vraiment faire parler suffisamment son moteur turbocompressé de 261 ch. Elle ne montre en tout cas aucune faiblesse liée au pneumatique toutes saisons, qui n’est pas un obstacle pour enchainer les fortes accélérations et les gros freinages, sur sec et sur le mouillé.
En conduite sportive, même en empruntant des trajectoires utilisées sur circuit, les réactions du Continental ont été très positives. Elles permettent donc de rouler de façon sportive, du moins sur une petite piste avec des vitesses qui restent encore raisonnables. Sur route, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce pneu toutes saisons ne viendra pas réduire votre plaisir de conduire.
Freinage d’urgence sur le mouillé
Le tout dernier exercice sur piste consistait à effectuer un freinage d’urgence sur sol mouillé ( voire détrempé ), pour passer de 90 km/h à l’arrêt complet du véhicule. Continental a utilisé pour ce test des Volkswagen Golf GTI 8, dont certaines étaient chaussées avec le nouveau AllSeasonContact 2, et d’autres avec un pneumatique concurrent mais bas de gamme : un Atlas Green 4S. Alors sans surprise, la différence de freinage a été énorme entre les deux pneumatiques. Sur plusieurs passages, nous avons ainsi réalisé une moyenne de 34,50 mètres en distance de freinage avec le pneu Continental, alors que nous étions à plus de 50 m avec le pneu bas de gamme.
Cela illustre aussi le niveau de sécurité qui peut être complètement dégradé pour le même modèle de voiture, selon le choix que vous ferez pour les pneumatiques.
Faire des économies sur des pneus peut donc dans cet exemple vous faire freiner avec près de 15 mètres de plus : une distance de plus de 3 voitures qui peut vous conduire à percuter l’obstacle ou le véhicule qui vous aura fconduit à réaliser un freinage d’urgence.
On aurait bien entendu préférer comparer le nouveau Continental directement avec un concurrent direct comme le Michelin CrossClimate 2, mais les résultats auraient sous doute été plus proches.
Un pneumatique compatible pour les voitures électriques
Continental a pris le soin de développer son nouveau bébé en pensant en voitures électriques. Il est même siglé EV sur les flancs ! Mais il n’y a pas pour autant deux versions différentes du AllSeasonContact 2 : tous sont siglés EV. C’est donc les curseurs qui ont été poussés pour qu’il s’adapte à des véhicules électriques lourds et puissants, avec un couple moteur élevé, avec une nécessité : ne pas engendrer une résistance au roulement excessive qui pénalise la consommation et l’autonomie.
Nous avons pu tester ce peu sur des parcours routiers en montagne, entre Saalfelden et Kitzbühel. Les conditions météo étaient parfaites pour les photos : en revanche l’essai s’est donc exclusivement déroulé sur sol sec !
Premier test à bord d’un Audi e-tron S Sportback : un SUV électrique puissant, avec une cavalerie de 509 ch. La monte pneumatique est conséquente avec du 285/40 R21 Y XL : l’une des plus grosses dimensions proposées sur le nouveau Continental.
Et cet exemple est parlant non seulement sur le niveau de puissance, mais aussi sur le poids de cet engin électrique qui dépasse les 2,5 tonnes. Les contraintes de poids et de couple moteur impressionnant ( 973 Nm tout de même ) sont très élevées : elles démontrent là encore qu’un pneumatique toutes saisons sait désormais tout faire.
Au départ d’un périple d’une soixantaine de kilomètres sur des routes de montagne autour de Saalfelden, l’autonomie annoncée du SUV électrique était de 398 km. Oui, c’est très peu pour une voiture électrique facturée environ 125.000 euros avec cette configuration.
Mais à la fin du parcours, le niveau d’autonomie est tombé à 260 km seulement. La consommation aura été élevée : près de 27 kWh, avec certes du relief, parfois quelques accélérations, mais aussi un rythme généralement plutôt raisonnable. Sur ce test, nous n’aurons donc pas pu vérifier la faible résistance au roulement du nouveau Continental. En revanche, le niveau de bruit de ce pneumatique aura été particulièrement réduit. Alors oui, il s’agit d’un modèle électrique haut de gamme très bien insonorisé, mais même vitres baissées le niveau sonore de ce pneu reste très contenu.
En termes de motricité, nous n’avons ressenti aucune faiblesse du pneu toutes saisons, rappelons que nous étions uniquement sur sol sec.
Deuxième essai, cette fois à bord d’une voiture électrique plus modeste : une Cupra Born de 204 ch. Cette fois-ci la consommation a été bien plus faible, de l’ordre de 17 kWh ! Comme quoi le poids d’une voiture électrique est un élément particulièrement décisif…
Là encore le nouveau AllSeasonContact 2 s’est montré très sécurisant, silencieux et réactif. L’agrément est très proche d’un bon pneumatique été, avec une structure directionnelle qui offre un comportement routier de bon niveau.
Conclusion
Les différents tests réalisés avec le Continental AllSeasonContact 2 ont démontré un potentiel élevé pour ce nouveau pneumatique toutes saisons qui vise le haut du panier. Il s’est même révélé assez impressionnant en efficacité et en freinage sur le mouillé, ainsi qu’en niveau sonore. Il nous reste à tester son niveau d’adhérence sur la neige et sa longévité annoncée en net progrès, ce que nous tenterons de réaliser l’hiver prochain.
Continental a développé un pneumatique qui joue au couteau suisse, autant à l’aise sur une petite sportive que sur un gros SUV électrique surpuissant, sur sol sec que sur le mouillé, et d’après les vidéos que l’on a pu voir, sur la neige.
Il devient donc largement possible d’imaginer rouler toute l’année avec un tel pneumatique, sans pour autant sacrifier l’agrément de conduite, la sécurité, le confort ou les économies de carburant.
Continental promet que 99 dimensions seront disponibles dans des tailles allant de 15″ à 21″ dès l’automne 2023.
Tester un pneu 4 saisons sans aller sur la neige et dans des conditions qui ne sont pas celles de l’automne ou de l’hiver, c’est un test à 50% !! Donc on ne peut pas s’y fier. Ah le marketing…