Une étude Reuters a pointé du doigt les constructeurs automobiles la semaine dernière concernant la réparation des batteries de leurs voitures électriques. Lors d’accrochages, le moindre défaut mineur sur une batterie ne permet pas dans de nombreux cas d’effectuer une réparation. Les assureurs se voient alors contraints de déclarer les voitures irréparables.
Des voitures électriques jetables en cas d’accrochage
Les batteries des voitures électriques sont chères, et peuvent représenter 50 % du prix d’achat total. Et la hausse de capacité des packs de batterie ne va pas améliorer les choses dans les années à venir.
Avec des voitures électriques irréparables même avec de petits kilométrages, la conséquence financière est rapide pour les assureurs : les primes augmentent rapidement pour compenser ces indemnisations onéreuses.
Ces voitures électriques jetables ne vont pas dans le sens d’un achat durable, réalisé pour aider à préserver l’environnement avec une absence d’émissions polluantes.
Selon François Gatineau, Président de Mobileese, cabinet de conseil et bureau d’études certifié spécialisé en mobilité électrique, la situation est catastrophique pour l’environnement : « Malgré un potentiel intéressant de nouveaux business et de nouveaux emplois, les constructeurs se positionnent peu sur la réparation et l’entretien des batteries, et s’ils le font, c’est uniquement pour leurs propres véhicules et dans leurs propres labos, comme Renault dans son centre de réparation de Flins ».
Tous les constructeurs ne sont pas à loger à la même enseigne. Renault par exemple fait figure de bon élève, alors que Tesla a été désigné par des experts comme mauvais élève, puisque la réparabilité des batteries du Model Y est nulle. Il s’agit de batteries dites structurelles, qui permettent de réduire les coûts de production, mais pas ceux de la réparation.
Les conséquences ont été telles qu’aux Etats-Unis, certains assureurs ne veulent plus assurer les Tesla ! En Europe une telle fronde des assureurs n’a pas encore eu lieu. Mais l’augmentation rapide du parc des Tesla en circulation risque d’augmenter le nombre de cas d’accrochages, ce n’est donc peut-être qu’une question de temps.
Les constructeurs peu enclins à communiquer les données des batteries
Pour protéger leurs secrets de fabrication, les constructeurs ne partagent pas suffisamment les données essentielles de leurs batteries. Elles devraient pourtant être accessibles à tous les ateliers de réparation spécialisés.
François Gatineau espère voir émerger un modèle « open source » : « Au fond, les industriels gagneraient à se tourner vers les modèles open source. Pour ceux qui les maîtrisent, le business semble bien marcher, à l’instar de Google qui offre des outils « gratuits » pour développer des applications et en contrepartie en capter une partie de la valeur. Les constructeurs automobiles pourraient s’en inspirer, pour le plus grand bien de leur business et, en l’occurrence, de la planète. »