Michelin : A la découverte du pneu, ses origines, sa fabrication, ses tests.

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Elément essentiel d’une voiture, d’une moto, d’un avion, tout repose sur le pneu. Mais auriez-vous pensé que la fabrication et la conception d’un pneu soit si complexe ? Nous vous proposons un reportage réalisé au coeur de la marque Michelin à Clermond-Ferrand.  
 
Origine
Il faut remonter plusieurs décennies en arrière pour comprendre l’arrivée du premier pneu. Tout d’abord quel est la matière principale d’un pneu ? Vous le savez sûrement, le caoutchouc. Mais connaissez-vous ses origines ?  
Cette substance élastique que l’on appelle le latex provenant d’un arbre est en fait la base de tout ça. C’est en Amérique du Sud que les premières découvertes s’effectueront. En 1823 le savant écossais MacIntosh découvre qu’en mélangeant le Latex avec du benzine, le caoutchouc devenait malléable. Seulement en période hivernale il durcit et s’écaille, tandis qu’en été une mauvaise odeur s’en dégage. Quelques années plus tard, Charles Goodyear trouve la solution, en faisant cuire le matériau avec un peu de souffre, ce qu’on nomme la vulcanisation. 
 
En 1832 une fabrique de machines agricoles est fondée à Clermont-Ferrand par Aristide Barbier et Edouard Daubrée. La femme de ce dernier, Elisabeth Pugh Barker est la nièce du savant MacIntosh, elle introduit le caoutchouc en Auvergne en y ouvrant un atelier qui confectionne des balles pour les enfants. L’intérêt industriel du matériau les amène rapidement à concevoir des joints, des clapets et des tuyaux. En 1889, Edouard Michelin, petit fils d’Aristide Barbier devient le gérant de la société, rebaptisée « Michelin et Cie ». Six ans plus tard, le premier pneumatique pour automobile est crée, apportant plus de confort que les roues en bois.
 
Aujourd’hui, le siège de Michelin est toujours implanté à Clermont-Ferrand, et l’on constate vite que la marque y regroupe son patrimoine lorsque l’on visite la ville. Stade Marcel Michelin, Avenue Edouard Michelin, les noms de bâtiments et de rues parlent d’eux mêmes. Une serre tropicale rappelant le milieu végétal du caoutchouc est même implantée au siège. On trouve également un musée sur la marque : L’Aventure Michelin. 
 
Fabrication
 
Globalement, trois matériaux sont nécessaires à la réalisation d’un pneumatique. Le « Mélange » autrement dit la gomme est le principal acteur. Pas moins de 2 800 formules différentes existent pour réaliser des pneus durs et tendres (7 à 10 mélanges par pneu), dont 600 à 800 pour les pneus de tourisme. Le textile constitue la carcasse et son rôle est de garantir la résistance à la pression. Enfin, deux tringles en acier permettent de soutenir le pneu sur la roue.
 
01-ecole-du-pneu-01Nous avons eu le privilège de visiter l’usine de Cataroux à Clermont-Ferrand qui conçoit les pneus de compétition et de tourisme haut de gamme et d’assister à la fabrication dans l’atelier de l’école du pneu, destiné à la formation des nouveaux intégrants. Ces derniers y restent jusqu’à deux ans avant de maitriser parfaitement la fabrication !
 
C’est essentiellement grâce à une machine « tambour » que le pneu prend ses formes. Elle permet d’appliquer les différentes couches, huit précisément en commençant par l’intérieur, la première étant une feuille de caoutchouc synthétique étanche. Viennent ensuite la nappe de câbles textiles pour la résistance, et les deux tringles en acier. Tout est soudé à la main et nécessite une extrême précision, des lasers permettent de centrer les différents éléments.

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01-ecole-du-pneu-05Une fois les flancs en gomme souple apposés, la carcasse sort du tambour afin d’y apporter quelques finitions. Elle y retourne une dernière fois pour être gonflée, c’est d’ailleurs à ce moment que l’on devine la forme du futur pneu, une nappe métallique et une en textile sont appliquées, puis vient enfin la bande de roulement, premier élément à être en contact avec le sol.

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Dernière étape, la cuisson. Des énormes fours rendent le pneu élastique et ferme (effet de vulcanisation), il faut compter une quinzaine de minutes entre 100 et 150 degrés. Des moules constituent la fameuse sculpture propre à chaque gamme. 
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Enfin, tous les pneus sont contrôlés sur 120 points à l’aide de rayons X et par un ouvrier avant d’être stockés. Du début à la fin de la conception un code barre figure sur chaque pneu afin d’être identifié.
 
En amont la conception d’un nouveau pneu est extrêmement poussée. Le budget consacré à la recherche et développement chez Michelin est de 540 millions d’euros par an ! 6 000 employés dans le monde génèrent et matérialisent les innovations technologiques en associant produit et procédé. Plusieurs groupes de travail sont définis : recherche sur les matériaux et semi-finis, conception, design, interaction pneu/véhicule, procédé d’industrialisation et enfin tests et mesures. Nous avons pu observer le dernier groupe.
 
Tests
Direction le « Canard » ! Ce nom désigne le Centre de Technologie Michelin de Ladoux inauguré en 1965 qui dispose de 19 pistes, dont l’ensemble ressemble à un canard vu du ciel, pour la petite histoire. Etendu sur 450 hectares, le centre d’essai comprend 40 km de pistes. Cet endroit est tellement important, que même le gouvernement le qualifie de sensible. Ce ne sont pas moins de 300 véhicules qui n’attendent que de tourner, tous appartiennent à la marque. Mais en plus de ce parc, 700 autres sont loués sur l’année. Quelles sont les personnes qui essayent ces véhicules ? Une trentaine de pilotes spécialisés exclusivement par constructeur automobile. Leur niveau de qualification est très élevé, et comme pour les ouvriers, il faut bien au moins deux bonnes années de formation. Le  circuit est régulièrement prêté aux constructeurs pour les futurs modèles. 
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Chez Michelin, un nouveau pneu met environ deux ans et demi à être commercialisé. Une multitude de tests en laboratoire et sur piste se déroulent avant de valider la mise en vente. Nous en avons relevé quelques uns, aperçus au site de Ladoux : une piste avec des cailloux en silex, un module composé d’une plaque de marbre pour les tests « choc-trottoir », ou encore un nid de poule mécanique.
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En pratique, nous avons eu le privilège de monter à bord d’une BMW 330i pour des tests d’aquaplaning. Précisons que le site détient des pistes pouvant être arrosées par 7 000 jets afin d’obtenir des hauteurs variables. Le véhicule était équipé de Primacy HP en 225/45 R17. Cette gamme de pneus sera d’ailleurs remplacée début 2012, nous publierons bientôt un article dédié.
L’objectif de l’atelier était de nous montrer la capacité du pneu à adhérer sur route mouillée. Et c’est plutôt réussi ! Même si le pilote est un expert, les nombreux sous-virages et sur-virages exercés au maximum nous ont bluffés.  
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Le centre technologie de Ladoux accueille plus de la moitié de l’effectif mondiale consacré à la recherche et au développement, soit 3 300 personnes. Michelin possède trois autres sites en Europe : Ivalo, Almeria et Fontange. Mais aussi aux USA, en Asie, et en Thaïlande.
 
« L’Aventure Michelin »
03-musee-l-aventure-michelin-01Si vous passez quelques jours à Clermont Ferrand, n’hésitez surtout pas, visitez le musée L’Aventure Michelin. Les 2 000 m² de surface retracent l’histoire du groupe Michelin, son présent et son futur. Vous apprendrez beaucoup de choses, nous vous en  avons sélectionnées quelques unes ci-dessous. 
Le saviez-vous ?  
 
– En 1899, la « Jamais contente » est la première voiture à dépasser les 100 km/h, elle est équipée de pneus Michelin et fonctionne à l’électrique…
 
– En 1913, suite à une pétition lancée par André Michelin, deux circulaires sont promulguées pour généraliser le numérotage des routes. En 1930, 8 000 bornes d’angle Michelin sont implantées dans toute la France favorisant ainsi la signalisation.
 
– En 1925, un « bureau d’itinéraire » fut créé par Michelin, une centaine d’employés répondaient par courrier aux touristes et aux voyageurs de commerce en envoyant des fiches d’itinéraire détaillées répondant à leur demande.  
 
-En 1951, le métro de la ligne 1 s’équipe en pneus Michelin pour améliorer le confort et les vibrations.
 
– La mascotte Bibendum a été créé en 1898 par le dessinateur O’Galop, son nom provient d’une citation latine d’Horace « Nunc est bibendum » signifiant « c’est maintenant qu’il faut boire », les pneus Michelin étaient réputés pour boire les obstacles de la route.
 
– Le train de pneu d’un Rafale est changé tous les 4 atterrissages. Un Airbus A380 le change tous les 150 atterrissages, même si les pneus en supporteraient 250.
 
Bilan
Ces deux jours passés au cœur de la marque nous ont appris énormément de choses autour du pneu, et dorénavant nous les regarderons d’un autre œil ! La qualité est bien au rendez-vous chez Michelin tout comme le sérieux comme nous l’a prouvés la batterie de tests. Même si les tarifs des produits sont placés haut, rappelons que ce sont les pneumatiques les plus durables et les mieux classés aux tests comparatifs.    
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Texte : Guillaume Ollier
Photos : Guillaume Ollier (Ecole du Pneu) / MICHELIN Centre de Technologies Europe, Ladoux / MFP Michelin
 

A propos de l'auteur

Guillaume Ollier

2 thoughts on “Michelin : A la découverte du pneu, ses origines, sa fabrication, ses tests.

  1. Intéressant!
    C’est pas Monsieur Dunlop, le découvreur (découverte fortuite alors que du caoutchouc avait été chauffé dans un creuset contenant des résidus de soufre!) du procédé de vulcanisation?

  2. Bonjour,

    tout d’abord merci pour vos messages,
    Greg : l’information provient de Michelin, et après vérification il s’agit bien de Charles Goodyear.
    Michel : oui nous étions quelques journalistes sur les deux journées découverte !

    A bientôt

    Guillaume OLLIER

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